À retardement – Franck Thilliez

Couverture du livre À retardement de Franck Thilliez – Thriller psychologique autour de la psychiatrie et de la justice pénale.

Avis personnel et critique

Et si je te proposais une plongée glaçante dans les méandres de la folie humaine, tu signerais ? Moi oui. Et je ne le regrette pas. À retardement, le nouveau roman de Franck Thilliez, est une claque littéraire, une immersion glaciale dans l’esprit humain dévasté, désaxé, mais profondément réel. Ce roman m’a happé, absorbé, puis broyé. C’est brillant, c’est brutal, c’est terriblement juste.

Dès les premières pages, Thilliez resserre son étau. La tension est là, palpable, comme une toile d’araignée tissée lentement autour du lecteur. Impossible de respirer pleinement tant chaque page oppresse, interroge, perturbe. On avance dans ce roman comme un funambule, entre le réel et l’horreur, entre le trouble psychique et la barbarie. Il y a des livres qui dérangent.

Ce que j’ai ressenti, ce sont des frissons — pas ceux des thrillers qui font peur pour faire peur — mais ceux qui naissent quand on touche à ce qui fait vaciller l’humanité. La psychiatrie, thème principal du roman, est abordée avec une précision chirurgicale. Pas de caricature ici : Thilliez fouille, explore, met en lumière.

Une mise en perspective troublante

Ce roman m’a poussée à m’interroger : un malade mental est-il responsable de ses actes ? Où placer la limite entre justice et soin ? Entre peine et thérapie ? Peut-on enfermer quelqu’un pour ce qu’il pourrait faire ? Quelle est la part de délire, de lucidité, de manipulation chez un patient ? Et que dire de l’impact de ces affaires sur les enquêteurs eux-mêmes ? Cette lecture m’a remuée autant qu’elle m’a passionnée.

Et puis, bien sûr, il y a l’équipe. Sharko, toujours là en filigrane, reste le cœur battant de cette série, mais c’est Nicolas Bélanger qui prend ici toute la lumière. Et quel personnage ! Intense, complexe, profondément humain. Un coup de projecteur justifié, parfaitement mené.

En refermant À retardement, une phrase du livre me revenait : « On ne juge pas les fous… »

Alors, vous êtes prêt ou pas ? Moi, j’étais prête. Mais je ne m’attendais pas à être autant bousculée.

Les points forts

– Une tension psychologique redoutable
Franck Thilliez maîtrise parfaitement le suspense. Dès les premières lignes, il enferme le lecteur dans une spirale de tension. Aucun répit. Pas de scène inutile. Tout est au service du récit, de la montée en pression, de l’angoisse presque physique qui accompagne chaque révélation. L’ambiance est lourde, étouffante — et c’est un compliment.

– Un traitement intelligent de la psychiatrie
L’auteur ne survole pas le sujet : il le creuse avec honnêteté et rigueur. Il soulève les bonnes questions, souvent dérangeantes : comment la justice traite-t-elle les malades mentaux criminels ? Comment les psychiatres tranchent-ils entre réalité et délire ? Les expertises sont-elles fiables ? On sort du roman avec une meilleure compréhension des enjeux psychiatriques dans les enquêtes criminelles, sans pour autant avoir de réponses toutes faites. Et c’est là toute la force de l’auteur : il ne juge pas, il expose.

– Une galerie de personnages bouleversants
L’équipe de Sharko est plus soudée que jamais. Leur humanité, leur résilience face à l’horreur, leur fragilité parfois, font de ces policiers bien plus que de simples figures d’enquêteurs. On les sent vivants, épuisés, tenus par une mission quasi sacrificielle. Le focus sur Nicolas Bélanger est une excellente surprise. Son développement dans ce tome est juste et poignant. Une réussite.

– Une plume affûtée, sans fioriture
Thilliez n’écrit pas, il dissèque ! Avec précision et efficacité. Il n’a pas besoin de longs discours pour nous atteindre. Chaque mot compte, chaque phrase sert à créer une ambiance. Le style est direct, acéré, d’une efficacité redoutable. Et pourtant, il arrive aussi à glisser de l’émotion, une forme de poésie sombre dans les moments les plus inattendus.

– Une réflexion éthique profonde
Prison ou hôpital ? Responsabilité ou aliénation ? Le roman n’est pas qu’un thriller, c’est aussi une interrogation éthique. Le lecteur se retrouve à naviguer entre empathie et rejet, entre peur et compassion. Les dilemmes posés sont puissants et forcent à sortir de sa zone de confort.

Les points faibles

– Une noirceur qui peut étouffer
Ce roman est dense, oppressant, sans lumière apparente. Pour les lecteurs habitués à des thrillers plus classiques, avec des respirations, des pauses émotionnelles, À retardement pourra paraître excessivement sombre. Il faut être prêt à plonger dans une réalité sans filtre, brutale et complexe.

– Une place réduite pour Sharko/b>
Les fans inconditionnels du commissaire Sharko pourraient être frustrés de ne pas le retrouver en pleine action. Il reste présent, mais en retrait, laissant la scène à Bélanger. Si ce choix est narrativement intéressant, il pourrait décevoir ceux qui attendent un Sharko central.

– Des thématiques potentiellement difficiles à aborder pour certains lecteurs/b>
Le roman aborde frontalement des sujets tels que la maladie mentale, la violence, la contention chimique, le suicide, et la fin de vie. Cela peut être lourd à lire, voire éprouvant. Certains lecteurs, plus sensibles ou non préparés, pourraient ressentir un malaise réel à la lecture. Ce n’est pas un roman « à lire à la légère ».

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