Je le dis d’entrée de jeu : Les Petites Reines de Clémentine Beauvais est un véritable coup de cœur. Un
roman jeunesse intelligent, drôle et nécessaire ! Je l’ai découvert en lecture commune avec mon fils de 12 ans… et on l’a littéralement adoré tous les deux.
La lecture audio est absolument incroyable, je la recommande à 100 % pour toutes celles et ceux qui aiment vivre les romans à travers une interprétation vivante et rythmée. Cela a renforcé l’humour, la tendresse et l’émotion du récit. Mais peu importe le format : que vous lisiez ce livre en version papier ou audio, c’est un concentré d’énergie, de justesse et d’humanité.
Le point de départ est aussi insolite que percutant. Un concours de « boudin ». Trois adolescentes sont désignées comme les filles les moins séduisantes de leur collège. Mais au lieu de se laisser humilier, elles décident de transformer cette expérience blessante en un voyage en vélo jusqu’à Paris. Une idée folle, mais porteuse de sens, de révolte, de lien, de libération.
Et c’est là toute la force de Clémentine Beauvais. Prendre une situation profondément injuste et en faire un récit de résilience, d’amitié et d’acceptation de soi. Le tout avec une plume mordante, un humour décapant, et une émotion omniprésente.
Une aventure aussi drôle que poignante
Dans ce roman, on suit trois adolescentes — Mireille, Astrid et Hakima — qui décident de partir à vélo jusqu’à Paris. Leur objectif ? Participer à la garden party de l’Élysée… mais aussi reprendre le contrôle de leur image, s’affirmer, et se reconstruire après avoir été la cible de moqueries cruelles.
C’est un road trip rocambolesque. Une occasion pour les personnages (et les lecteurs !) de traverser des paysages français variés. Mes aussi de faire des rencontres insolites. De traverser certaines épreuves physiques… mais surtout, de vivre un voyage intérieur puissant.
Le roman est hilarant, mais jamais creux. Touchant, mais jamais misérabiliste. Il se situe exactement là où la littérature jeunesse peut exceller : à la croisée de la légèreté et de la profondeur. Il traite du harcèlement scolaire, de l’estime de soi, de la différence, du regard des autres, tout en restant extrêmement agréable à lire.
Je ne m’attendais pas du tout à ressentir autant d’émotions ! J’ai ri, j’ai été touchée, et j’ai aussi été choquée par certains moments. Mais c’est précisément cette ambivalence émotionnelle qui rend Les Petites Reines si marquant.
Un roman engagé sans jamais être moralisateur
Ce qui m’a vraiment bluffée, c’est la capacité de Clémentine Beauvais à aborder des sujets graves avec une intelligence rare, sans jamais tomber dans la lourdeur ou le pathos. Le harcèlement scolaire, sujet principal du roman, est présenté de manière crue, réaliste et directe, mais toujours avec cette distance ironique qui permet de réfléchir sans sombrer.
La violence psychologique que subissent les héroïnes n’est jamais édulcorée. On ressent leur douleur, mais aussi leur force intérieure, leur humour salvateur et leur volonté de résister. Ce ne sont pas des victimes passives. Ce sont des combattantes, des jeunes filles qui, à leur manière, décident de se réapproprier leur destin et leur image.
Ce roman ne cherche pas à faire la morale. Il ne dicte pas de solution. Il montre simplement, avec lucidité et empathie, ce que signifie être une adolescente. Une adolescence confrontée à des normes de beauté absurdes et à une société qui juge trop vite. Et surtout, il montre qu’on peut retrouver de la force dans l’amitié, dans l’humour, dans le mouvement, dans ce simple fait de continuer à avancer — même à vélo !
Mireille : une héroïne inoubliable
Dès les premières pages, Mireille s’impose comme une héroïne à part. Ironique, cash, bavarde, ultra lucide sur le monde, elle est immédiatement attachante. Son humour mordant, ses remarques acérées et sa capacité à détourner la moquerie en arme de défense font d’elle un personnage fascinant et souvent hilarant.
Mireille m’a fait exploser de rire à plusieurs reprises. Son ton, ses réflexions, ses réparties… tout est tellement bien écrit ! C’est une ado qui n’a pas la langue dans sa poche, mais qui cache derrière son ironie beaucoup de blessures, de doutes, et aussi une grande intelligence émotionnelle.
Les dialogues du roman sont ciselés, percutants et souvent hilarants. L’autrice a un vrai talent pour capter la manière de parler des ados, avec ce qu’il faut de spontanéité, de maladresse et de profondeur cachée. L’énergie du récit est communicative. On sent les kilomètres parcourus, les défis relevés, les liens qui se tissent. Et on en sort un peu changé, un peu grandi.
Les petites reines : féministe, tendre et nécessaire
À travers l’histoire de ces trois jeunes filles, Les Petites Reines pose des questions cruciales. Notamment sur la manière dont on perçoit et traite le corps des femmes.
Pourquoi une fille devrait-elle plaire ? Pourquoi un physique « hors normes » serait-il un défaut ? Pourquoi l’apparence devient-elle une arme de discrimination sociale à l’adolescence ?
Le roman interroge la pression sociale exercée sur les adolescentes, les standards absurdes imposés par la société, les attentes contradictoires… et le besoin viscéral de s’accepter soi-même malgré tout cela.
Ce que j’ai adoré, c’est que le message ne passe ni par la colère, ni par le discours, mais par l’action. « Les petites reines » prennent leur revanche non pas en changeant, mais en affirmant qui elles sont. Elles refusent de se conformer, elles choisissent d’exister autrement. Et franchement, c’est
extrêmement inspirant.