J’ai plongé dans
Le cri soleil de Siècle Vaëlban sans vraiment savoir à quoi m’attendre, mais je dois dire que la lecture a été une véritable surprise. Le roman installe un univers où le monde tel que nous le connaissons n’existe plus. Tout est gelé, recouvert par ce que l’on appelle le « monde froid ». Quelques cloches géantes protègent les derniers survivants, tandis qu’une cité lumière, dirigée par un Cri Soleil nommé Phare, maintient un semblant de chaleur et de vie.
Ce qui frappe immédiatement, c’est l’ambiance glaciale et oppressante. Impossible de mettre un pied dehors sans être équipé comme pour gravir l’Everest. Les paysages sont faits de glaciers et de pénombre, rendant toute sortie presque suicidaire. Cette atmosphère pesante et sombre ne se contente pas d’être un décor : elle conditionne chaque geste, chaque choix, chaque espoir des personnages.
Le cri soleil : une dystopie mêlée à la mythologie
Le roman réussit un mélange particulièrement réussi entre dystopie et mythologie. Le soleil, disparu depuis longtemps, n’est plus qu’un souvenir. Pourtant, l’humanité a trouvé une manière de survivre grâce à des enfants qui se transforment en Cris Soleil. Ces êtres deviennent en quelque sorte des dieux vivants, capables d’alimenter la cité lumière en énergie, en chaleur et en eau.
Cependant, cette situation est loin d’être enviable pour eux. Leur sacrifice permanent alimente le confort des autres, mais ils en paient le prix de leur propre corps. Ce contraste rend la lecture à la fois fascinante et profondément dérangeante. On se retrouve face à un dilemme : vivre grâce au sacrifice d’autrui ou accepter la fin progressive du monde.
Une réflexion sur l’égoïsme humain
Ce qui m’a particulièrement marquée, c’est la façon dont Siècle Vaëlban illustre l’égoïsme humain. Le roman met en lumière le fait que l’être humain pense d’abord à lui-même avant de songer au collectif. Le confort individuel passe avant le bien commun, et ce mécanisme est poussé à l’extrême avec la figure des Cris Soleil.
En lisant, j’ai fait un parallèle avec une phrase que mes grands-parents répétaient souvent : « Après moi, le déluge ». Je la comprends aujourd’hui comme une vision individualiste, tournée vers le présent et déconnectée du futur. Et c’est précisément
cette problématique que le roman soulève avec brio : peut-on imaginer un monde où le sacrifice n’est pas toujours porté par les mêmes ?
Un récit spirituel et marquant
Au-delà de l’univers sombre et de la critique sociale, le roman possède une dimension spirituelle très forte. La plume de l’autrice donne une profondeur qui dépasse le simple récit de survie. Elle pousse à réfléchir sur notre rapport à l’autre, à la communauté, et même au sens du sacrifice. Cette lecture m’a donné l’impression de recevoir une véritable claque tant elle résonne avec nos comportements actuels.
Bien sûr, j’aurais aimé que l’histoire s’étire davantage.
Le roman est un one shot de 280 pages, et je suis resté avec cette impression d’en vouloir plus. Mais dans un format aussi condensé, il remplit parfaitement sa promesse : offrir une aventure intense, originale et portée par une imagination débordante.