Dès les premières pages de ce tome 1.2, j’ai senti que j’allais traverser une lecture marquante, parfois éprouvante, mais nécessaire. Ce roman m’a fait souffrir, mais paradoxalement, j’en redemande.
Anna Triss propose une expérience de lecture qui mélange intensité, émotions contradictoires et univers foisonnant. On plonge directement là où nous avions laissé Panama, et le récit s’assombrit encore davantage, révélant une noirceur omniprésente.
Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est l’atmosphère sombre et torturée. L’autrice ne ménage pas son lectorat et c’est exactement ce que j’aime dans
la dark fantasy. Vieilles histoires d’empires déchus, elfes, dragons, tout y est pour nourrir l’imaginaire. Mais au-delà de la richesse du décor, ce sont surtout les relations humaines, complexes et toxiques, qui donnent à ce récit sa puissance.
Un rythme lent mais nécessaire
Il faut le dire : la première partie du livre prend son temps.
Pendant les deux tiers du roman, l’accent est mis sur la relation toxique entre Panama et celui dont le nom ne doit pas être prononcé. C’est parfois difficile à lire tant la manipulation et l’emprise psychologique sont mises en avant. Les scènes de sexe sont récurrentes et appuient ce malaise. Pourtant, ce choix narratif est essentiel. Il permet de ressentir profondément l’oppression dans laquelle Panama est enfermée et de comprendre son évolution. Cette tension permanente prépare le terrain pour un final explosif.
Car oui,
le dernier tiers du livre change complètement de rythme. Tout s’accélère, et ce que le lecteur attendait avec impatience arrive enfin : révélations en cascade, trahisons à répétition, scènes d’action tendues. À ce moment-là, impossible de lâcher le roman.
Anna Triss maîtrise l’art du crescendo narratif et sait surprendre au moment opportun.
La guilde des ombres et ses personnages marquants
L’un des grands atouts de ce tome réside dans la profondeur des personnages. Panama, au centre du récit, gagne encore en intensité. Elle n’est pas parfaite, loin de là, et parfois difficile à suivre, mais son âge – seulement 16 ans – explique beaucoup de ses choix. On s’attache malgré ses erreurs, et sa fragilité la rend profondément humaine.
En contraste, sa relation avec « celui dont on ne doit pas prononcer le nom » est un vrai choc émotionnel. Elle illustre parfaitement l’emprise, la manipulation et la toxicité d’un lien destructeur. C’est dérangeant, parfois écœurant, mais volontaire. L’autrice veut que l’on ressente cette spirale infernale de l’intérieur, et c’est réussi. J’ai eu envie de jeter mon livre à plusieurs reprises tant la situation est insupportable, mais j’ai continué, car cette lecture est justement conçue pour provoquer ce genre de réaction.
D’autres personnages se démarquent et apportent un équilibre bienvenu. Beladyn, avec son côté mystérieux et réfléchi, intrigue. Son humour apporte un souffle plus léger, notamment à travers l’expression « l’excité du temple » qui m’a réellement fait rire. Et puis, il y a Menos, mon véritable coup de cœur. Un personnage à la fois fascinant et attachant, qui enrichit encore davantage l’intrigue.
Une expérience de lecture intense
Lire ce tome 1.2, c’est accepter de sortir de sa zone de confort.
On navigue dans une ambiance sombre, oppressante, où la frontière entre bien et mal s’efface constamment. L’autrice joue avec nos émotions, nous met mal à l’aise, mais c’est précisément ce qui rend le récit aussi captivant.
Il ne faut pas s’attendre à une lecture légère.
La guilde des ombres est exigeante, parfois dure, mais elle marque durablement. Le malaise ressenti face à la relation toxique fait partie intégrante de l’expérience, et il faut l’accepter comme une étape vers la suite de la saga. Pour les amateurs de dark fantasy, c’est un incontournable. Pour les lecteurs qui craignent les romances toxiques, l’expérience peut être difficile, mais elle en vaut la peine.
En fin de compte, ce tome est une épreuve, mais une épreuve nécessaire. Je comprends pourquoi certains disent que c’est la meilleure saga de
dark fantasy : elle fait souffrir son lecteur, mais elle le récompense avec une intensité et une profondeur rares.
Et si vous n’avez pas encore lu la première partie,
tu peux lire ma chronique complète et détaillée.