Quand je repense à Starters de Lissa Price, je me revois happé dès les premières pages, presque sans pouvoir reprendre mon souffle. Ce roman fait partie de ceux que je lis en deux temps trois mouvements, tant son rythme fonctionne et tant la narration glisse avec efficacité. Sa publication date pourtant de 2012 chez Robert Laffont, mais je ressens toujours cette impression étrange de modernité intacte. L’histoire ne semble pas marquée par le temps, elle garde une fraîcheur qui m’étonne encore aujourd’hui. Je suis persuadé que si Starters sortait maintenant, il trouverait immédiatement son public, tant les thèmes et la construction restent pertinents.

Lissa Price propose une dystopie Young Adult qui regroupe ce que j’aime dans ce genre : un mélange d’enquête, un soupçon de romance, mais surtout des enjeux sociaux et humains significatifs. Aucun élément ne déborde ou n’impose une lourdeur inutile. Tout se met en place avec précision. Chaque chapitre évolue dans un mouvement maîtrisé, sans longueur, sans ajout superflu, avec cette forme de sobriété littéraire qui porte naturellement l’histoire et les émotions. C’est exactement ce que je recherche. Surtout lorsqu’un récit dystopique s’empare de personnages jeunes face à des situations extrêmes mais crédibles dans leur logique interne.

Une écriture qui sert parfaitement une dystopie efficace

La légèreté de l’écriture me touche particulièrement. Elle ne retire rien à la tension globale et permette au contraire de renforcer mon immersion. Je me sens proche des personnages parce que le style reste direct, clair, presque évident. Les contraintes qu’ils vivent, les réalités parfois dures qu’ils affrontent, tout me parvient sans filtre inutile. Lissa Price ne surcharge jamais ses scènes, ce qui donne plus de poids aux révélations qui jalonnent le récit. Elles arrivent au bon moment, elles dynamisent l’intrigue et créent ce petit frisson qu’on attend d’une dystopie orientée vers le suspense.

Ce qui me frappe, c’est ce dosage impeccable. Le roman ne s’éparpille pas. Il ne cherche pas à s’éloigner de sa ligne directrice. J’ai rarement ressenti un tel équilibre dans un récit du genre Young Adult dystopique datant de cette période. Beaucoup d’œuvres publiées dans les années 2010 souffrent aujourd’hui d’un certain vieillissement, parfois au niveau de la technologie imaginée, parfois dans la manière d’aborder les relations entre adolescents ou encore dans leur vision de la société. Avec Starters, je ne ressens rien de tout cela. Au contraire, je me dis que son propos garde une pertinence étonnante, comme si l’auteure avait volontairement choisi un cadre suffisamment intemporel pour éviter toute déconnexion avec son futur lectorat.

Comme toujours dans les dystopies efficaces, la tension ne vient pas seulement des rebondissements mais aussi de l’atmosphère sociale du récit. Ici, les enjeux humains occupent le centre de l’histoire. Ils s’imposent sans jamais devenir écrasants ni moralisateurs. Je me suis laissé porter par cette façon d’explorer les rapports de force, les injustices et les choix difficiles que les personnages doivent faire. Cela donne au roman une âme et une profondeur qui m’invitent naturellement à poursuivre l’aventure.

Et c’est exactement ce que j’ai fait. Une fois Starters terminé, j’ai eu envie d’ouvrir immédiatement le second tome, Enders. Le premier volume m’a donné cette impulsion rare où je souhaite continuer sans interrompre mon élan. Lissa Price réussit à construire une duologie qui se lit avec une fluidité remarquable. Je ressens un vrai plaisir à revenir dans cet univers, même en sachant que je me trouve face à un roman publié il y a plus de dix ans.

Pourquoi je recommande encore ce roman aujourd’hui ?

Je recommande Starters sans hésiter. Même si l’ouvrage date de 2012, je suis convaincu qu’il mérite toujours une place dans les lectures actuelles, notamment pour les amateurs de dystopie Young Adult qui recherchent un récit clair, vif et bien maîtrisé dans son rythme. L’écriture, la structure narrative et les thématiques abordées fonctionnent encore parce qu’elles reposent sur des fondations solides. Rien n’appartient exclusivement à une époque. Le livre ne dépend pas de références culturelles trop situées ou d’éléments technologiques datés. Il s’appuie davantage sur des idées sociales et humaines fortes, qui ne perdent pas leur sens avec le temps.

Je pense aussi que sa structure en duologie joue en sa faveur. Beaucoup de sagas dystopiques se perdent dans des trilogies longues ou inégales. Ici, l’histoire se développe avec précision, sans étirement artificiel. Le récit avance, progresse, révèle ce qu’il doit révéler, puis s’arrête lorsqu’il a accompli ce qu’il devait accomplir. Le format resserré me permet de conserver une intensité constante et de ne jamais décrocher.

Enfin, mon plaisir à relire Starters tient aussi à la simplicité intelligente du roman. Lissa Price ne cherche pas à en faire trop. Elle construit un récit efficace, qui parle directement au lecteur. Elle crée une dynamique qui m’entraîne sans m’écraser sous une montagne d’informations. Cette approche accessible n’enlève rien à la profondeur du texte ; elle le rend au contraire plus impactant. Les enjeux restent compréhensibles, les situations claires, les personnages attachants dans leurs contradictions.

C’est cette combinaison qui, selon moi, explique pourquoi le roman vieillit si bien. Rien ne me semble déconnecté. Rien ne paraît poussiéreux. Je retrouve le même plaisir aujourd’hui qu’à sa sortie, ce qui confirme à quel point cette duologie mérite encore qu’on s’y plonge. Starters garde une force narrative qui traverse le temps, et c’est assez rare pour être souligné.