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Interview Tosca Noury – Dissidentes : une dystopie féministe puissante et engagée

Photo de Tosca Noury, l'autrice de Dissidentes, dystopie féministe

Pour commencer, peux-tu nous raconter la genèse de Dissidentes ? Comment est née cette histoire et qu’est-ce qui t’a inspirée à l’écrire ?

J’adore cette question parce que ma réponse change à chaque fois. Chaque fois, j’essaye de retrouver la genèse, les premières idées. Mais d’une certaine manière, j’ai la sensation que cette histoire a toujours été moi, quelque part. C’est un peu difficile de dire précisément d’où vient l’idée d’un roman, je vois ça plutôt comme une succession d’indices qui vont dans la même direction, de voix et de destins qui s’accumulent, qui viennent taper à notre porte, et un moment, eh bien, il faut leur ouvrir et avoir le courage de raconter leur histoire.

Pour moi, il y a plusieurs choses, plusieurs moments qui se sont assemblés et qui ont fait qu’à un moment, je me suis jetée à l’eau : la musique « Jolene » de John Rock Prophet, découverte en voiture avec mes grands-parents à l’été 2021, où Jo et Ed me sont « apparus » en quelque sorte. Un article sur la fertilité lu dans Sciences & Vie qui expliquait qu’il y a avait une constante universelle de 105 garçons nés pour 100 filles, peu importe l’époque ou l’endroit sur Terre. J’ai trouvé ça hallucinant et je me suis dit « et si ? Et si cet écart se creusait ? Et si les femmes ne naissaient plus, ou presque ? ». Évidemment, les sociétés allaient basculer, le monde sombrer dans le chaos. J’ai toujours eu un faible pour les dystopies qui ont construit mon imaginaire de lectrice à l’adolescence.

Et puis finalement, la dernière impulsion est venue un an plus tard, en septembre 2022, alors que je faisais un road trip en Écosse avec ma mère et ma grand-mère. C’est là que m’est venue l’idée fondatrice du camping-car, du road trip, de la fuite. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de me lancer dans l’écriture. 

Dissidentes aborde des thématiques fortes comme la liberté, la résistance, la lutte féministe, et tant d’autres combats sociaux. Quels messages souhaitais-tu faire passer à travers ce roman ?

Pour le coup, les messages, je les ai trouvés petit à petit. Plus j’avançais dans l’écriture de ce texte, plus je grandissais (et également dans ma vie de jeune adulte, de jeune femme dans le monde) je me rendais compte de la quantité de sujets à aborder en lien avec le féminisme et la lutte pour les droits des femmes. Comment parler de fertilité sans parler de privation des droits reproductifs ? Comment parler de répression misogyne sans aborder aussi la division que le patriarcat crée entre les femmes ? Mais comment parler de sororité avec un personnage aussi autocentré et peu politisé que Jo ?

Finalement, même si j’aborde quantité de sujets et « d’angles » du féminisme moderne, mon plus grand manifeste est celui d’avoir choisi Jo, une héroïne imparfaite et qui va à l’encontre des modèles avec lesquels j’ai grandi. Comme on dit, I support women’s rights and wrongs. Son histoire mérite d’être racontée, Jo d’être mise en lumière même si elle n’est pas parfaite. 

En fait, je voulais lire la dystopie que je n’avais lue, et qui me manquait.

Tes personnages sont puissants, complexes et très incarnés. Comment les construis-tu ? T’inspires-tu de personnes réelles ou la fiction prend-elle totalement le dessus ?

Au contraire de l’intrigue qui relève pour moi plutôt d’une série de choix (évidemment, il y a quelques fulgurances, mais globalement, on décide ce qui va arriver), mes personnages m’arrivent un peu en bloc, sans que je puisse vraiment y faire quoi que ce soit.

Pour Edgar et Jo, ils me sont apparus un jour de l’été 2021 en écoutant la musique Jolene de John Rock Prophet. J’ai vu leur rencontre, qui marque le début du roman (c’est toujours comme ça avec moi, je sais où je commence et c’est à moi de trouver la suite). Je voulais depuis longtemps renverser un peu les stéréotypes de fiction avec lesquels j’avais grandi (le bad boy ténébreux et la fille naïve et faible qu’il vient sauver) alors quand ils me sont apparus j’ai su que c’était eux, ceux qui renverseraient un peu ces clichés. Ils sont restés dans ma tête pendant un an avant que je me décide enfin à commencer l’écriture de Dissidentes.

Et si tout de suite, j’ai réussi sans problème à trouver la voix d’Ed, Jo est restée un mystère pour moi durant toute l’écriture du premier jet, jusqu’à ce que je finisse par vraiment me pencher sur son caractère et son passé, comment l’un avait façonné l’autre, et que tout s’éclaire. En comprenant que c’était une jeune femme qui avait complètement été fabriquée par son environnement, qu’elle avait toujours dû survivre par ses propres moyens, ne faire confiance à personne, j’ai compris ses agissements dans le roman et j’ai affiné son caractère et la façon dont elle est perçue par les autres.

L’univers de Dissidentes mêle tension, émotion et réflexion. Comment trouves-tu l’équilibre entre récit haletant et propos engagé ?

C’est drôle parce que ce qui me semblait le plus « engagé » à l’écriture n’est pas du tout ce qui ressort dans les retours que me font les gens. Par exemple le fait de montrer un personnage féminin qui a ses règles, ça m’a semblé être un maxi flex féministe, alors que ce que retiennent surtout les lecteurs et lectrices, ce sont les thèmes du roman. Mais pour moi les thèmes étaient évidents, essentiels. C’était presque un non-sujet, de manière surprenante. 

Cet équilibre, je ne cherche pas forcément à le trouver. Il est là, car tout ce que rencontrent mes personnages force la réflexion, mais je n’impose jamais aux lecteurs et lectrices quoi penser. C’est à vous de vous faire votre propre avis, de tirer les conclusions que vous voulez. C’est la raison pour laquelle, dans le roman, chaque personnage a un avis très différent. Par exemple, Virgile est du côté des protagonistes, Antoine des antagonistes, mais qui a raison dans leur conflit ? Chacun a son point de vue, que l’on choisit ou pas de cautionner, en son âme et conscience, et je peux éventuellement donner des indices sur ma perception des choses (souvent à travers Edgar, il faut le dire haha), mais la conclusion reste la vôtre.

Quelle a été la partie la plus difficile à écrire dans ce livre ? Et celle qui t’a procuré le plus d’émotion ?

Évidemment, il y a eu des scènes plus difficiles que d’autres dans le roman (en témoignent mes nombreux mental break-downs dans le premier jet) mais pas forcément pour les raisons qu’on croit. On pourrait par exemple se dire que les scènes « difficiles » le sont aussi à écrire, mais en réalité, ce qui pose le plus de problèmes sont les chapitres dits « à intrigue », quand il faut que tout soit cohérent, que les révélations s’enchaînent correctement. Le casse-tête dans l’écriture, ce n’est pour moi pas tant l’émotion que la logique. 

En revanche, je me suis fait pleurer UNE fois : dans la scène de l’incendie. Je ressentais tellement fort la détresse de mon personnage que ça a été émouvant à écrire, mais pas dur. Au contraire, l’émotion me porte, rend tout limpide, efface toutes les autres considérations. Les scènes les plus fortes en émotion du roman sont souvent celles qui ont été les plus évidentes à écrire.

On ressent une vraie cohérence dans ton écriture, à la fois poétique et percutante. Comment définirais-tu ton style littéraire ?

Oh là là, dure question ! Je dirais que ça dépend beaucoup du projet sur lequel je travaille.

Pour Dissidentes, l’idée a été d’exacerber ce qui était déjà naturel pour moi  : un style direct, franc, sans fioritures, au plus proche du réel, tout en étant totalement ancré dans les émotions et les sensations. C’est une manière de renforcer l’aspect brutal de cet univers, de le donner à vivre plutôt qu’à lire. Mais je dois avouer que je suis sans doute la pire juge de ma propre plume.

As-tu des autrices ou auteurs qui t’ont particulièrement influencée, dans ton parcours ou dans la conception de Dissidentes ?

Tellement que ça serait difficile de tenir le compte ! Mais toutes sont mentionnées dans mes remerciements alors je me contenterai de leur dire une nouvelle fois : MERCI.

Comment vis-tu la réception du roman depuis sa parution ? As-tu eu des retours de lectrices et lecteurs qui t’ont marquée ?

Sincèrement, les retours de lectrices et lecteurs ont pulvérisé toutes mes attentes.

J’avais très peur avant sa parution de la manière dont ce roman allait être accueilli, j’avais une grande fragilité, la sensation que mon rêve pouvait s’écrouler s’il était mal reçu, que ça voudrait dire que je m’étais trompée de voie, mais tout le contraire s’est produit. À ma grande surprise (et vraiment, je ne dis pas ça par fausse modestie haha, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre) ce roman a déjà rencontré un très bel accueil et il est merveilleusement bien porté par les communautés de lecteurs sur les réseaux sociaux et par la presse.

Et après tant d’années à douter, à me remettre en question, à flipper dans mon coin, ça fait chaud au coeur <3

Le tome 2 de Dissidentes est en préparation — et la curiosité est à son comble ! Sans dévoiler bien sûr, peux-tu nous dire ce que tu ressens en retrouvant tes personnages et ce qu’on peut espérer découvrir dans cette nouvelle étape ?

Hahaha, bande de petits filous !

Je ne peux pas dire grand-chose – au risque de spoiler – mais je dirais que vous pouvez vous attendre à encore plus d’action, de révélations et d’évolution. Si le tome 1 est fuite, le tome 2 est révolte 😊

Avant de finir sur une note plus personnelle : quels livres t’ont récemment bouleversée ou inspirée ?

La réponse qui m’est venue immédiatement à l’esprit c’est la duologie « Six of Crows » de Leigh Bardugo, publiée en France chez Milan. Je l’ai commencée après avoir été tannée par mes copines et c’était absolument INCROYABLE. Ça m’a appris énormément de choses sur l’écriture, notamment que la complexité de l’intrigue et des personnages n’est pas à proscrire, qu’au contraire, on adore se sentir stupide face à un Kaz Brekker (emoji qui bave).

Un dernier mot à partager ?

Je suis obligée, je ne peux pas terminer sur « emoji qui bave » en parlant de Kaz Brekker quand même. Quoi que…

Merci infiniment Tosca Noury d’avoir pris le temps de répondre à nos questions ! Et merci pour la petite « révélation » exclusive sur le tome 2 de Dissidentes. On espère que les lecteurs et lectrices de notre blog ont pu apprendre à te connaître encore mieux.

Pour suivre Tosca Noury, rendez-vous sur son compte Instagram.

Retrouvez notre chronique littéraire complète du tome 1 de Dissidentes : notre coup de coeur de l’année !

Article proposé par :

PDP_FLORIAN
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